Épée d'académicien

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Remise de l'épée d'Antoine de Lévis-Mirepoix en 1953.

L’épée d'académicien est l'épée des membres de l'Institut de France, portée lors des réunions solennelles et des cérémonies officielles.

Elle accompagne l'habit vert, constitué d'un chapeau bicorne, d'un gilet et pantalon brodés de branches d'olivier, de gants blancs et d'une cape.

Historique[modifier | modifier le code]

La Révolution française ayant supprimé les académies royales, elle décide la création de l'Institut de France en 1795, an IV dans le calendrier républicain. Rapidement, les membres souhaitent obtenir un signe distinctif, jugeant une carte et une médaille insuffisantes. Cela conduit à l'adoption, le , d’un arrêté qui codifie le costume des académiciens ; celui-ci sera amendé au fil des siècles. L'épée n'est alors pas citée dans ce texte et, encore aujourd'hui, ne fait pas l'objet d'une définition officielle[1].

Son origine historique n'est pas clairement connue[1], son usage se serait généralisé au moment de la Restauration[2].

Si le port de la tenue est obligatoire et sa confection très codifiée, il n'en est pas de même pour l'épée. Les ecclésiastiques et, en principe, les femmes n’en reçoivent pas. Jacqueline de Romilly portait un sac à main brodé assorti à sa cape, mais Hélène Carrère d'Encausse, Florence Delay, Assia Djebar, Simone Veil, Danièle Sallenave et Dominique Bona choisissent d'en porter une[2].

Barbara Cassin, à son entrée à l'Académie française en 2019, « casse les codes » en faisant réaliser une épée qui ressemble fortement à un « sabre laser »[3]. La lame en est de cuir souple, où fluoresce une phrase de son maître Jacques Derrida : « Plus d’une langue », grâce à un tissu en fibre optique, et sa garde est un petit écran souple ressemblant à une montre connectée[4], permettant de « lire virtuellement tous les textes du monde »[3].

Remise de l'épée[modifier | modifier le code]

L'épée est offerte grâce à une souscription auprès des amis du futur académicien, formation appelée le « comité de l’épée »[5]. Si l'académicien en question n'a pas suffisamment de moyens, il peut en emprunter une à l'Académie[6].

Ensuite, une cérémonie de remise de l'épée a lieu quelques jours avant celle de réception sous la coupole.

À la mort de l'académicien, l'épée revient à la famille.

Objet d'art[modifier | modifier le code]

La réalisation de l'épée est souvent l'occasion de mise en valeur de symboles représentant la vie ou l'œuvre de l'académicien[7].

Parmi les joailliers qui ont réalisé une épée d'académicien, on compte Goudji, la maison Arthus Bertrand, René Boivin, Max Leognany, Cartier, Jean Vendome, Thierry Vendome, Lorenz Bäumer et Max Ingrand. Les artistes Pierre Soulages (épée de Georges Duby), César ou encore Ousmane Sow ont participé à la fabrication d'épées.

Épées remarquables[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Épées d'académiciens : de l'uniforme à l'objet d'art », sur Institut de France (consulté le ).
  2. a et b « L’habit vert et l’épée | Académie française », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  3. a et b « Barbara Cassin, la Jedi de l'Académie française », sur France Culture, (consulté le ).
  4. Stacie Arena avec AFP, « La nouvelle Académicienne casse les codes avec une épée high-tech », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  5. Damien Brunon, « Académie française : être Immortel, combien ça coûte ? », sur Europe 1, (consulté le ).
  6. a et b « Les épées des académiciens - Visites privées » (consulté le ).
  7. Catherine Cardinal, « "L'épée d'académicien, objet d'art" », Connaissance des Arts, no no 917 Hors série,‎ , pp. 48 (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Vente : l'épée d'académicien de l'écrivain Jean Cocteau a été vendue à Drouot, 1,75 million de francs. », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. a et b Charlotte W, « L'Épée d’académicien », sur Esprit Joaillerie, (consulté le ).
  10. « Maurice SCHUMANN | Académie française », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  11. OSRE, « Pierre-Yves Trémois : Le génie du trait et la passion des corps », sur Rébellion - la revue de l'OSRE, (consulté le ).
  12. « Jacques-Yves COUSTEAU | Académie française », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  13. « Épées créées et réalisées par Goudji pour les académiciens », sur goudji.com (consulté le ).
  14. « C'est là que sont fabriquées les épées des académiciens », sur leparisien.fr, (consulté le )
  15. (en) « Trémois | Autres », sur tremois (consulté le )
  16. « Simone Veil, une icône à l'Académie », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  17. « Pierre Laurens reçoit son épée d’académicien en Sorbonne - La Chancellerie des Universités de Paris », sur La Chancellerie des Universités de Paris, (consulté le ).
  18. Gilles Kraemer, « Institut de France. Les épées des académiciens dévoilées », sur Le Curieux des Arts, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]